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Quand je fais un livre, j'ai des petites phrases qui me servent de repères, ce sont des piquets que je plante pour travailler dans une direction, ce sont également des phares vers lesquelles je reviens lorsque je me suis trop égaré. Je fais ça depuis longtemps, ça m'aide à chercher, modeler, inventer mon livre à un endroit nouveau. Je me souviens pour le livre "Quelqu'un va venir", lorsque je dessinais les visages des deux personnages principaux, j'imaginais qu'il y avait des centaines de mètres entrent leurs deux yeux, je pensais les visages comme des paysages, ça m'avait beaucoup aidé à intégrer les personnages dans l'atmosphère du récit et techniquement à la miscibilité de l'image. Et d'autres petites choses comme ça, qui en s'additionnant appuie et dirige la forme.
Pour le "Portrait de Moitié Claire", j'avais aussi des musiques comme ça dans ma tête, j'en ai déjà évoquées certaines dans une lettre précédente … quand je dessinais Claire je pensais souvent que son corps entier était son visage et inversement… Mais, il y avait une autre phrase qui me donnait un repère fort et a lequel je tenais beaucoup: je pensais qu'il fallait que je dessine, non pas "de l'intime", (sans trop savoir où et qu'est ce qu'est l'intime) mais dessiner "à partir de l'intime". Cette nuance, cette idée que je ne comprenais pas très bien, me plaisait et me donnait sans comprendre un plaisir et la force pour dessiner le corps et le sexe dans sa réalité cru et son réalisme. J'avais du plaisir à représenter un sexe et dans cette volupté je ne m'en suis pas privé. Aujourd'hui, je vois que l'intime se blottit dans le plaisir (je n'avais jamais pensé ça). Je me dis aussi, que si ces images ont un caractère provocant pour certaines personnes c'est peut-être qu'elle réveille en celui qui regarde l'intimité secrète du plaisir.
Par ailleurs, une ambition artistique ne peut se faire sans prendre le risque d'une parole décalée, dérangeante, provocante… Je ne sais pas où commence une parole provocante et par rapport à quoi, à qui? Pour "Le portrait de Moitié Claire" je parle et je représente des parties du corps qui touchent habituellement dans ma culture à certains interdits, points. Ces interdits, c'est avant tout, peut-être moi qui les transgressent, pour les autres, je ne sais pas ce représente ces interdits. Je considère que je n'ai pas à me poser la question de ma provocation dans aucun de mes livres. Je suis curieux de voir comment "Le portrait de Moitié Claire" sera lu et entendu, car bien entendu lorsque les lecteurs parleront du livre, ils parleront d'eux.
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La Coquille Odilon Redon 1912 Musée d'Orsay
Quand je fais un livre, j'ai des petites phrases qui me servent de repères, ce sont des piquets que je plante pour travailler dans une direction, ce sont également des phares vers lesquelles je reviens lorsque je me suis trop égaré. Je fais ça depuis longtemps, ça m'aide à chercher, modeler, inventer mon livre à un endroit nouveau. Je me souviens pour le livre "Quelqu'un va venir", lorsque je dessinais les visages des deux personnages principaux, j'imaginais qu'il y avait des centaines de mètres entrent leurs deux yeux, je pensais les visages comme des paysages, ça m'avait beaucoup aidé à intégrer les personnages dans l'atmosphère du récit et techniquement à la miscibilité de l'image. Et d'autres petites choses comme ça, qui en s'additionnant appuie et dirige la forme.
Pour le "Portrait de Moitié Claire", j'avais aussi des musiques comme ça dans ma tête, j'en ai déjà évoquées certaines dans une lettre précédente … quand je dessinais Claire je pensais souvent que son corps entier était son visage et inversement… Mais, il y avait une autre phrase qui me donnait un repère fort et a lequel je tenais beaucoup: je pensais qu'il fallait que je dessine, non pas "de l'intime", (sans trop savoir où et qu'est ce qu'est l'intime) mais dessiner "à partir de l'intime". Cette nuance, cette idée que je ne comprenais pas très bien, me plaisait et me donnait sans comprendre un plaisir et la force pour dessiner le corps et le sexe dans sa réalité cru et son réalisme. J'avais du plaisir à représenter un sexe et dans cette volupté je ne m'en suis pas privé. Aujourd'hui, je vois que l'intime se blottit dans le plaisir (je n'avais jamais pensé ça). Je me dis aussi, que si ces images ont un caractère provocant pour certaines personnes c'est peut-être qu'elle réveille en celui qui regarde l'intimité secrète du plaisir.
Par ailleurs, une ambition artistique ne peut se faire sans prendre le risque d'une parole décalée, dérangeante, provocante… Je ne sais pas où commence une parole provocante et par rapport à quoi, à qui? Pour "Le portrait de Moitié Claire" je parle et je représente des parties du corps qui touchent habituellement dans ma culture à certains interdits, points. Ces interdits, c'est avant tout, peut-être moi qui les transgressent, pour les autres, je ne sais pas ce représente ces interdits. Je considère que je n'ai pas à me poser la question de ma provocation dans aucun de mes livres. Je suis curieux de voir comment "Le portrait de Moitié Claire" sera lu et entendu, car bien entendu lorsque les lecteurs parleront du livre, ils parleront d'eux.
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La Coquille Odilon Redon 1912 Musée d'Orsay
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